Article réalisé à partir d’une version commerciale PS4 fournie par Koch Media.
La Terre n’est plus qu’une immense ruine contaminée, recouverte par les spores d’un champignon hautement toxique. L’humanité en déclin n’a donc eu d’autre choix que de creuser un gigantesque réseau de galeries souterraines pour tenter d’assurer sa survie. Malheureusement, sa prédisposition naturelle au conflit et à la mesquinerie a finit par excéder l’intelligence artificielle en charge de la survie de l’espèce, dotant l’IA de pulsions génocidaires. Quelques décennies plus tard, la carcasse de Robbie, petit robot d’entretien, reprend vie et découvre le corps inanimé d’une petite fille humaine, bien vivante quoiqu’en très mauvaise condition. Secondé par FactoryAI, l’ancien gardien de la race humaine aujourd’hui empli de remords et d’envies de rédemption et bien décidé à assurer une vie heureuse abritée de la contamination à sa nouvelle protégée, Robbie doit s’aventurer dans un monde dévasté à la recherche du nécessaire à la survie de l’enfant.
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Si l’on devait catégoriser le type de jeu qu’est Void Terrarium à l’emporte-pièce, on le classerait sans nul doute du côté du Donjon Mystère. En effet, le dernier-né de Nippon Ichi Software en reprend les codes les plus fondamentaux : tour par tour, déplacement de case en case, action figée tant que le joueur reste immobile et surtout, réinitialisation des capacités et de l’expérience acquises à chaque nouvelle expédition. Mais non content de se reposer sur un système déjà solide, le studio japonais s’est autorisé quelques grosses saillies du côté d’autres genres. La gestion de l’humaine revêt ainsi l’apparence d’un Tamagotchi, tandis que la progression en jeu est calquée sur un modèle typé Rogue-Like. À l’instar d’un Dead Cells ou autre Binding of Isaac, chaque nouvelle plongée au cœur d’un des labyrinthes (générés aléatoirement) de cette terre dévastée passe inévitablement par la case récolte de nouvelles capacités actives ou passives tirées aléatoirement à chaque montée en niveau, alimentant l’espoir de se constituer l’arsenal de compétences le plus optimisé possible. Et à l’image de ses modèles, dans Void Terrarium, la mort est aussi brutale que fréquente.
L’enfer de la RNG, mais pas trop
Fort heureusement, tout ne repose pas que sur le hasard, puisque plusieurs sous-systèmes permettent au joueur de tordre le destin en sa faveur. Au fil de ses pérégrinations, Robbie déniche une multitude de schémas qu’il peut exploiter pour fabriquer toute une panoplie de bibelots et autres décorations. Les objets décoratifs n’ont pas ici qu’une seule vocation esthétique, puisqu’ils permettent à la fois d’agrémenter le terrarium géant faisant office d’habitat de la petite fille et, lors de leur première fabrication, de récolter divers bonus de statistiques permanents. D’autres catégories de crafts, les knacks, skills suppressors et autres pièces personnalisables, servent quant à eux à définir les compétences actives de Robbie en début de run, altérer les probabilités de voir certaines capacités proposées au joueur, ou encore d’en obtenir un choix plus vaste voire même d’avoir une chance d’en piocher plusieurs lors de la montée en niveau. Bref, ce ne sont pas les possibilités qui manquent au joueur malin et avide d’optimisation pour réduire au maximum le facteur chance et ainsi d’augmenter significativement sa survie.
Syndrome du Lapin Blanc
Toutefois, même si le joueur parvient à transformer le petit robot d’entretien inoffensif en véritable moissonneuse-batteuse à ennemis, la victoire n’est pas garantie pour autant. Le temps qui s’écoule est un ennemi féroce, aussi bien pour Robbie, qui voit son niveau d’énergie diminuer au gré de ses déplacements, jusqu’à s’autodétruire en cas de batteries vides, mais également pour sa petite protégée à qui il peut arriver bien des misères en son absence. Fort heureusement, c’est à ce moment qu’entre en jeu le Pet Nanny, le fameux Tamagotchi permettant à tout moment de suivre l’évolution de diverses constantes (état de santé global, faim, ennui, maladie et contamination) et rappelant Robbie au doux souvenir de l’oisillon resté au nid avec un bip bien strident en cas d’urgence. Loin d’être un simple gimmick, cet aspect gestion a finalement un gros impact sur la rythmique des sessions de jeu puisqu’au final, tout tourne autour du bien-être de l’humaine, son trépas étant synonyme d’une fin de partie prématurée. Ainsi, il faut parfois accepter de sacrifier un début de session prometteur pour retourner endiguer une catastrophe.
Tamago-chie
Des crises à gérer, il y en a beaucoup, dans Void Terrarium. La faim de la jeune fille est la principale problématique : non seulement la nourriture se fait rare, mais elle périme au bout de quelques jours et peut également être contaminée. Mais parfois, l’urgence est telle qu’il n’y a pas d’autre choix que de rassasier l’enfant avec des denrées franchement douteuses, augmentant drastiquement ses chances de contracter diverses pathologies toutes plus glauques les unes que les autres. Mention spéciale à la Contortiosis capable de transformer un corps humain en espèce d’immonde amas de chair vrillé sur lui-même. L’état de propreté de l’habitation est également une donnée sur laquelle garder un oeil quand on souhaite s’épargner bon nombre de tourments sanitaires. Fort heureusement, au fil de la progression, le Pet Nanny se voit pourvu de nouvelles fonctionnalités, permettant au joueur de gérer certaines problématiques fâcheuses à distance et lui épargnant un retour prématuré au terrarium au prix d’une portion de sa jauge d’énergie.
Donjons et Affection
Redondant par essence, Rogue-Like oblige, Void Terrarium dispose néanmoins d’arguments solides pour inciter à enchaîner les runs. À commencer par sa structure itérative permettant au joueur de grappiller toujours plus de bonus, et donnant l’envie permanente de retourner en faire “une petite dernière” pour mesurer le gain de confort du aux récentes acquisitions… pour finalement poursuivre le run parce que “celui-là, il démarre bien”. Mais son histoire n’est pas en reste, efficace et plus surprenante qu’il n’y paraît, surtout durant la seconde moitié de l’aventure durant laquelle les enjeux décollent, où toute la cruauté de l’univers du titre se révèle et débouchant sur un final émouvant. Portée par une direction artistique aux antipodes des thématiques sombres que le jeu aborde et une bande-son électro hypnotisante aux légers relents de Phantasy Star Online, la narration minimaliste du titre fait mouche. Au fil des heures, on s’attache immanquablement aux deux acolytes robotiques et à leur chemin de croix pour le salut d’une ultime humaine décidément bien trop mignonne pour un monde si impitoyable.
Bugs dans le système
Si l’assemblage improbable qu’est Void Terrarium peut sembler parfaitement huilé, quelques petits grains de sable viennent néanmoins en gripper les rouages. Le plus flagrant étant la répétitivité de ses environnements, tous très similaires et plus proches du changement de palette de couleurs que de nouveau design à part entière à chaque nouvelle zone débloquée. De plus, si dans l’ensemble le bestiaire est plutôt varié, il lui manque une pointe de générosité. Une partie des ennemis se renouvelle à chaque nouveau donjon mais certaines créatures sont régulièrement recyclées, renforçant la sensation de traverser les mêmes lieux encore et encore. La courbe de difficulté est également parfois hasardeuse, avec un pic assez abrupt vers le milieu de jeu, à côté duquel toute la dernière ligne droite prend des airs de formalité. Enfin, petite mention également pour les dialogues et l’interface du jeu, intégralement en anglais, qui, sans être un obstacle insurmontable, pourront entraver les joueurs les moins à l’aise avec la langue de John Lennon.
Conclusion :
void tRrLM(); //Void Terrarium est un titre bien singulier, capable d’imbriquer plusieurs systèmes sans aucun lien avec brio pour proposer une expérience unique. Virtuose lorsqu’il s’agit d’effectuer un grand écart, il propose un contraste saisissant entre sa direction artistique particulièrement mignonne et la rudesse de son univers, aussi bien pour la tonalité de son scénario que pour son challenge relevé. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’il constitue une excellente double porte d’entrée dans les mondes du Donjon Mystère et du Rogue-Like de par sa lisibilité et son accessibilité. S’il pourra décevoir les vétérans venus chercher leur dose de Binding of Isaac, la faute à une durée de vie, une rejouabilité et une variété moins conséquentes, les ambitions de Void Terrarium en terme de gameplay et d’écriture justifient pleinement une petite place au panthéon des jeux de sa catégorie.
Pour aller plus loin – Test de void tRrLM(); //Void Terrarium par Actua
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Trailer du jeu :
Autres avis sur le sujet :
L’avis de Gameuse Extraterrestre sur Ovnis Game, qui n’a rien lâché et n’a pas hésité à prendre des baffes pour vous retranscrire son ressenti, c’est par ici.
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