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Ici, chez FWIW, on aime le Japon. Sa culture, sa gastronomie, ses paysages, ses temples, ses jardins, et ses extravagances. La plupart des allergiques à cette culture si particulière vous le diront : ils sont fous, ces japonais. Seulement parfois, il faut bien avouer qu’ils ne nous aident pas franchement à les défendre. Amateurs d’ambiance sérieuse, de scénario épique, de photoréalisme et de premier degré, passez votre chemin. Aujourd’hui, on va gentiment laisser ses neurones au vestiaire, parce qu’on va parler de Katamari. Et comme dirait un certain boss de MMORPG, “Vous n’êtes pas prêts”.

I came in like a wrecking ball

Difficile de se contenir lorsque l’on est un être d’une taille massive quasi omnipotent. Quand le Roi Cosmos, personnage absurde au phrasé bien à lui, est pris d’un accès de folie, c’est la totalité de la voûte céleste qui finit en poussière. Pris de regrets, il envoie son fils sur Terre pour réparer ses dégâts et fabriquer de nouvelles étoiles. Jeu vidéo japonais oblige, les moyens mis en oeuvre sont bien évidemment peu conventionnels. Le Prince devra, niveau après niveau, rouler le plus gros Katamari possible afin que son fainéant de Père puisse l’expédier dans la stratosphère, non sans s’attribuer tout le mérite au passage.

They see me rolling

Katamari Damacy Reroll est un remake du jeu de Namco initialement sorti sur PS2 en 2004, et jamais publié en Europe. Mais du coup, un Katamari, c’est quoi exactement ? Excellente question, studieux lecteur, dix points pour Gryffondor. Un Katamari, c’est une sorte d’objet relativement sphérique capable de magnétiser et d’agglutiner à peu près tout et n’importe quoi tant que c’est plus petit que lui, augmentant ainsi sa taille et lui permettant d’avaler des éléments toujours plus volumineux. Pour faire simple, la métaphore la plus pertinente serait la boule de neige biscornue qu’on a tous cherché à engendrer maladroitement du haut de nos huit printemps. Ainsi, le plus clair du gameplay de Katamari Damacy Reroll consistera en une succession de niveaux, certains vastes, d’autres beaucoup plus étriqués, durant lesquels il faudra devenir le meilleur dresseur bousier possible et agglomérer tout un tas d’objets hétéroclites. Si certains stages sont soumis à une thématique précise, vous imposant d’intégrer à votre sphère à tout faire un maximum d’objets d’une certaine catégorie, ou bien un seul, mais de la plus grande taille possible, la grande majorité exigera d’atteindre un objectif de taille imposé par Papa Cosmos en un temps donné. C’est donc dans la joie et la bonne humeur que l’on roule notre bébé-boule d’une dizaine de centimètres de haut et capable de ne gober que punaises et pièces de monnaie pour lui faire atteindre la puberté, ainsi que les dimensions bien moins raisonnables qui vont avec. Simple, efficace et parfaitement hypnotique.

C’est bon d’avoir les boules

Mais Katamari, ce n’est pas qu’un concept, c’est aussi une gueule. Et bon Dieu, il l’assume, sa gueule. Essayez de vous imaginer ce que verrait un consommateur de champignons hallucinogènes en train de regarder un Disney à travers un kaléidoscope. Voilà, vous y êtes. Et oui, ça surprend au début. Certains ne passeront d’ailleurs jamais ce cap et on peut difficilement leur jeter la pierre. Mais pour les autres, avec l’addiction vient l’accoutumance, et rapidement la direction artistique totalement perchée du titre fera son office, lui insufflant une personnalité bien trempée. La bonne humeur hallucinée qui émane du jeu est également renforcée par la bande-son, particulièrement déjantée et copieusement fournie en pistes extrêmement entraînantes douées d’une capacité rarement égalée quand il s’agit de se lover dans un cerveau des jours durant. Même si on n’adhère pas particulièrement aux genres musicaux qui composent la soundtrack, il devient vite extrêmement difficile de réprimer ce sourire stupide et ce petit hochement de tête qui s’empare inévitablement de nous après quelques minutes.

Pierre qui roule n’amasse pas (que) mousse

S’il est difficile de lâcher la manette une fois pris dans sa spirale infernale, il est néanmoins bon de raison garder, et de relever quelques défauts qui font office de tâches grisâtres dans ce monde aux couleurs arc-en-ciel et aux sonorités sucrées. La maniabilité atypique pourra déstabiliser, voire frustrer, tant il est parfois difficile de rouler dans la direction voulue, d’autant qu’un Katamari de taille respectable tend à se coincer régulièrement dans le décor. De plus, si l’on prend en considération qu’on reste face à un remake, on peut déplorer une carence notable en contenu, héritée de l’original. Comptez environ cinq heures pour faire le tour de tout ce que ce Reroll a à offrir. On aurait aimé quelques niveaux et situations supplémentaires, histoire de passer quelques heures de plus sur le titre. On devra se contenter d’un mode deux joueurs pas franchement engageant, proposant à ses participants de s’affronter dans de petites arènes, ou de battre nos scores sur les niveaux terminés.

Conclusion

Si le mythe de Sysiphe avait été écrit par un japonais, il aurait très certainement ressemblé à Katamari Damacy Reroll. Son univers décalé, son concept complètement barré et sa direction artistique qui ferait passer Arlequin pour un être profondément triste diviseront clairement les foules. Mais le titre deviendra certainement un jeu de coeur pour ceux qui accrochent à la formule. Dommage que ce remake soit quelque peu paresseux et se contente de mettre un simple petit coup de polish à un visuel qui n’avait pas tant vieilli que ça, on aurait apprécié un peu de contenu supplémentaire. Malgré ces menus défauts, l’expérience reste diablement captivante, originale et addictive, et procurera moult joie et bonheur à ceux capables de l’apprécier. Bref, Katamari, c’est de la balle.

 

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Trailer du jeu :