Biographie de l’auteur :
Susan Smit est une écrivaine et journaliste néerlandaise. Passionnée par l’histoire de la sorcellerie, elle a fait de nombreuses recherches sur ce qu’elle considère aujourd’hui comme une pratique spirituelle et une religion de la nature. Son premier roman traduit en français, La Sorcière de Limbricht, est un véritable best-seller aux Pays-Bas.
Présentation de l’éditeur :
« Aujourd’hui, le 10 juillet 1674, par ordre du bailli et des échevins de Limbricht, vous êtes arrêtée pour suspicion de sorcellerie ou magie noire. »
Enfermée sans plus d’explications, Entgen Luijten ne peut compter que sur elle-même : elle n’a plus de famille et sait que personne ne se lamente sur son sort. Parce qu’elle préfère se rendre au bois qu’à l’église, parce qu’elle connaît le pouvoir des plantes qui soignent, parce qu’elle est un peu trop libre, elle a toujours fait jaser dans son village reculé de la campagne néerlandaise.
Dans l’attente de son procès, la voilà réduite à compter les jours dans l’étroit et glacial cachot du baron Van Breyll qui est prêt à tout pour obtenir des aveux spectaculaires. Mais malgré les fenêtres étriquées de sa cellule, Entgen se souvient des premières lueurs de l’aube qui embrasent l’horizon et de la lande qu’elle parcourait en compagnie des siens. Et si elle respecte la puissance de la nature, elle ne se soumettra pas à l’autorité du châtelain et compte bien faire entendre sa voix. Même si cela doit être la dernière fois.
Editions : Charleston
Date de sortie : 11 janvier 2023
Pages : 320
Mon avis :
« La Sorcière de Limbricht » quelle lecture ! Quelques heures après avoir terminé le livre, j’ai encore du mal à mettre des mots sur les émotions que j’ai pu ressentir au fil des pages.
Entgen Luijten, ce nom vous dit quelque chose ? Personnellement je n’en avais jamais entendu parler. Alors quand j’ai lu la quatrième de couverture, j’ai, de suite, eu envie de découvrir son histoire. Surtout que nous sommes sur un roman inspiré de faits réels.
Direction les Pays-Bas et plus précisément à Limbricht où nous faisons la connaissance de Entgen. Elle a 74 ans et dès les premières pages, elle se fait arrêter pour suspicion de sorcellerie. Mais n’oublions pas que nous sommes en 1674 et que du coup notre héroïne risque très clairement sa vie.
C’est du fond de sa cellule que nous allons découvrir la vie d’Entgen. Alors qu’elle attend son procès, elle va plonger dans ses souvenirs dans le but de savoir qui peut bien être à l’origine de cette dénonciation et comment son caractère a pu laisser penser qu’elle s’adonnait à la sorcellerie.
Malgré tout ce qu’elle va subir, elle va rester droite et digne. Au fil des pages, nous allons découvrir une femme forte, indépendante et intelligente. Ce qui dérangeait et n’était pas très bien vu en 1674. Au lieu de se tourner vers Dieu, elle va choisir de vivre en harmonie avec la nature et les saisons. Ses connaissances en matière de remède et le fait qu’elle ne connaisse pas la crise au niveau de son agriculture, vont attiser la jalousie de pas mal de ses voisins.
La narration passé / présent au fil des souvenirs d’Entgen est efficace. Elle permet une immersion dans l’histoire et nous plonge directement au cœur de l’histoire. L’écriture est efficace, puissante et sans fard. Grâce à son récit, Susan Smit nous amène à réfléchir sur la condition féminine.
Si j’ai adoré ma lecture, je dois quand même vous prévenir qu’elle a été très dure à lire. Le récit est basé sur la véritable histoire d’Entgen et ce qu’elle a subi lors de son procès est absolument horrible. Les moyens utilisés par l’église, à cette époque, pour faire avouer les femmes accusées de sorcellerie étaient juste abjectes.
Je ressors de cette lecture totalement vidée, mais heureuse de l’avoir lu. Avec “La sorcière de Limbricht” les éditions Charleston inaugurent une nouvelle collection Les Ailleurs. Si toutes les autres parutions sont au même niveau cela annonce du très bon.
En résumé, ce fut une lecture éprouvante mais enrichissante et qui nous amène à la réflexion. Un roman historique et féministe qui ne laissera personne indemne. Je remercie Babelio et les éditions Charleston de m’avoir sélectionné dans le cadre de la masse critique pour lire ce livre qui malgré la dureté du récit est un coup de cœur.
Avant de vous mettre deux petites citations du roman, je vous laisse avec un extrait de la note de l’autrice qui m’a beaucoup marqué et qui tourne encore dans ma tête :
“Tout bien considéré, les sorcières furent les premières féministes. Leur persécution fut une excroissance sanglante de la misogynie, rien de moins qu’une guerre contre les femmes, un féminicide étalé sur quelques siècles.”
Citations :
Les gens ne regardent plus autour d’eux, ils oublient ce qu’apprennent la terre et le ciel, les arbres, les plantes et le comportement des animaux. Tout ce qu’on veut savoir sur le temps se lit dans la nature.
Les gens ne comprennent pas qu’une femme puisse se débrouiller seule, qu’elle n’ait pas besoin d’un homme. Selon eux, il doit y avoir là de la sorcellerie.
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